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Mis à jour du statut : #42532
LA DECROISSANCE RENAIT À BORDEAUX
LA CONVIVIALITE
Ivan Illich 1973
Au stade avancé de la production de masse, une société produit sa propre destruction. La nature est dénaturée. L’homme déraciné, castré...LA DECROISSANCE RENAIT À BORDEAUX
LA CONVIVIALITE
Ivan Illich 1973
Au stade avancé de la production de masse, une société produit sa propre destruction. La nature est dénaturée. L’homme déraciné, castré dans sa créativité, est verrouillé dans sa capsule individuelle… Peu importe qu’il s’agisse d’un monopole privé ou public : la dégradation de la nature, la destruction des liens sociaux, la désintégration de l’homme ne pourront jamais servir le peuple… L’homme devient l’accessoire de la mégamachine, un rouage de la bureaucratie.
J’appelle société conviviale une société ou l’outil moderne est au service de la personne intégrée, et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société ou l’homme contrôle l’outil.
L’homme qui trouve sa joie et son équilibre dans l’emploi de l’outil convivial, je l’appelle austère. …Thomas d’Aquin définit l’austérité comme une vertu qui n’exclut pas tout les plaisirs, mais seulement ceux qui dégradent la relation personnelle. L’austérité fait partie d’une vertu plus fragile qui la dépasse et qui l’englobe : c’est la joie, l’eutropelia, l’amitié.
La dictature du prolétariat et la civilisation des loisirs sont deux variantes de la même politique de la même domination par un outillage industriel en constante expansion… L’équité demande qu’on partage à la fois le pouvoir et l’avoir.
Je ne fais que conjoncturer l’aggravation de la crise. Mais je peux exposer avec précision la conduite à tenir devant et dans la crise. Je crois que la croissance s’arrêtera d’elle-même… En un temps très court la population perdra confiance non seulement dans les institutions dominantes, mais aussi dans les gestionnaires de la crise… Un évènement imprévisible et probablement mineur servira de détonateur à la crise… Ce qui est déjà évident pour quelques-uns sautera tout à coup aux yeux du plus grand nombre : l’organisation de l’économie tout entière au service du mieux-être est l’obstacle majeur au bien-être. Comme d’autres intuitions largement partagées, celle-ci aura la vertu de retourner complètement l’imagination populaire.
Si nous voulons en anticiper les effets, nous devons chercher comment une brusque transformation portera au pouvoir des groupes sociaux étouffés jusqu’alors. Ce n’est pas la catastrophe en tant que telle qui tirera ces groupes du néant pour les hisser sur les pavois ; mais la catastrophe affaiblira les puissances régnantes qui écrasaient ces groupes et leur interdisaient de participer au processus social. L’effet de surprise affaibli le contrôle, déroute les contrôleurs et installe au premier rang ceux qui gardent leur sang-froid… En fait l’issue de la crise imminente dépend de l’apparition d’élites impossibles à récupérer.
Il faudra des groupes capables d’analyser avec cohérence la catastrophe et de l’exprimer en langage ordinaire. Ils devront savoir plaider la cause d’une société qui se donne des bornes, et le faire en termes concrets, compréhensibles par tous, désirables en général et immédiatement applicables.
A l’heure du désastre la catastrophe se transformera en crise si un groupe de gens lucides gardant leur sang-froid sait inspirer confiance à ses concitoyens. Leur crédibilité dépendra de leur habilité à démontrer qu’il est non seulement nécessaire, mais possible d’instaurer une société conviviale, à condition d’utiliser consciemment une procédure réglée qui reconnaisse aux conflits d’intérêt sa légitimité, donne valeur au précédent et attribut un caractère exécutoire à la décision d’hommes ordinaires, reconnus par la communauté comme leurs représentants.
Lorsque je parle de l’apparition de groupes d’intérêts et de leur préparation, je ne fais référence ni à des noyaux de terroristes, ni à des dévots, ni à des experts d’un nouveau genre. Et plus particulièrement je ne fais pas référence à un parti qui prendrait le pouvoir au moment de la crise.
L’angoisse me ronge quand je vois que notre seul pouvoir pour endiguer le flot mortel tient dans le mot, plus exactement, dans le verbe, venu à nous et trouvé dans notre histoire. Seul, dans sa fragilité, le verbe peut rassembler la foule des hommes pour que le déferlement de la violence se transforme en reconstruction conviviale
LA CONVIVIALITE
Ivan Illich 1973
Au stade avancé de la production de masse, une société produit sa propre destruction. La nature est dénaturée. L’homme déraciné, castré...LA DECROISSANCE RENAIT À BORDEAUX
LA CONVIVIALITE
Ivan Illich 1973
Au stade avancé de la production de masse, une société produit sa propre destruction. La nature est dénaturée. L’homme déraciné, castré dans sa créativité, est verrouillé dans sa capsule individuelle… Peu importe qu’il s’agisse d’un monopole privé ou public : la dégradation de la nature, la destruction des liens sociaux, la désintégration de l’homme ne pourront jamais servir le peuple… L’homme devient l’accessoire de la mégamachine, un rouage de la bureaucratie.
J’appelle société conviviale une société ou l’outil moderne est au service de la personne intégrée, et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société ou l’homme contrôle l’outil.
L’homme qui trouve sa joie et son équilibre dans l’emploi de l’outil convivial, je l’appelle austère. …Thomas d’Aquin définit l’austérité comme une vertu qui n’exclut pas tout les plaisirs, mais seulement ceux qui dégradent la relation personnelle. L’austérité fait partie d’une vertu plus fragile qui la dépasse et qui l’englobe : c’est la joie, l’eutropelia, l’amitié.
La dictature du prolétariat et la civilisation des loisirs sont deux variantes de la même politique de la même domination par un outillage industriel en constante expansion… L’équité demande qu’on partage à la fois le pouvoir et l’avoir.
Je ne fais que conjoncturer l’aggravation de la crise. Mais je peux exposer avec précision la conduite à tenir devant et dans la crise. Je crois que la croissance s’arrêtera d’elle-même… En un temps très court la population perdra confiance non seulement dans les institutions dominantes, mais aussi dans les gestionnaires de la crise… Un évènement imprévisible et probablement mineur servira de détonateur à la crise… Ce qui est déjà évident pour quelques-uns sautera tout à coup aux yeux du plus grand nombre : l’organisation de l’économie tout entière au service du mieux-être est l’obstacle majeur au bien-être. Comme d’autres intuitions largement partagées, celle-ci aura la vertu de retourner complètement l’imagination populaire.
Si nous voulons en anticiper les effets, nous devons chercher comment une brusque transformation portera au pouvoir des groupes sociaux étouffés jusqu’alors. Ce n’est pas la catastrophe en tant que telle qui tirera ces groupes du néant pour les hisser sur les pavois ; mais la catastrophe affaiblira les puissances régnantes qui écrasaient ces groupes et leur interdisaient de participer au processus social. L’effet de surprise affaibli le contrôle, déroute les contrôleurs et installe au premier rang ceux qui gardent leur sang-froid… En fait l’issue de la crise imminente dépend de l’apparition d’élites impossibles à récupérer.
Il faudra des groupes capables d’analyser avec cohérence la catastrophe et de l’exprimer en langage ordinaire. Ils devront savoir plaider la cause d’une société qui se donne des bornes, et le faire en termes concrets, compréhensibles par tous, désirables en général et immédiatement applicables.
A l’heure du désastre la catastrophe se transformera en crise si un groupe de gens lucides gardant leur sang-froid sait inspirer confiance à ses concitoyens. Leur crédibilité dépendra de leur habilité à démontrer qu’il est non seulement nécessaire, mais possible d’instaurer une société conviviale, à condition d’utiliser consciemment une procédure réglée qui reconnaisse aux conflits d’intérêt sa légitimité, donne valeur au précédent et attribut un caractère exécutoire à la décision d’hommes ordinaires, reconnus par la communauté comme leurs représentants.
Lorsque je parle de l’apparition de groupes d’intérêts et de leur préparation, je ne fais référence ni à des noyaux de terroristes, ni à des dévots, ni à des experts d’un nouveau genre. Et plus particulièrement je ne fais pas référence à un parti qui prendrait le pouvoir au moment de la crise.
L’angoisse me ronge quand je vois que notre seul pouvoir pour endiguer le flot mortel tient dans le mot, plus exactement, dans le verbe, venu à nous et trouvé dans notre histoire. Seul, dans sa fragilité, le verbe peut rassembler la foule des hommes pour que le déferlement de la violence se transforme en reconstruction conviviale
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Je crois par exemple que du pouvoir, il nous en reste, que bien souvent nous transférons pour des boites de smarties, des plats cuisinés,...