"Ce bon Mr Candide..."

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"Ce bon Mr Candide..." ha punaise! je tombe sur un très vieil article, issu du journal "l'anarchie" du 11 mai 1905, et signé Anna Mahé.
Il est extrêmement dur, par ailleurs, mais l'autre chose qui me frappe, c'est le parallèle à établir avec les licenciements actuels (voir pire) qui font suite à des publications par leur victimes sur leur page fb...


Ce bon M. Candide...


Il nous est arrivé, sur ses deux pieds, un M. Candide, par la Compagnie du Métropolitain.

Nous avons déballé le colis : voici ce qu'il nous portait.

Il est né, je ne sais où, un homme à qui ses parents ont légué le nom de Candide. Employé au métro, à quelque fonction inutile neuf chances sur dix il doit être le loyal serviteur.
Au moment ou ils réclament la journée de huit heures, les employés sont vingt-quatre heures esclaves du patron par leur propre veulerie, et leur propre bêtise.
Le nez un peu touché ou beaucoup par les *chiquenaudes et les croquignoles de notre ami Candide, les administrateurs du Métro s'avisèrent de savoir s'il n'avait aucun rapport avec leur Candide à eux, ce bon M. Candide légal.
Notre Candide est un descendant directe du Candide de Voltaire qui n'a jamais existé; et , certes, cette filiation vaut bien l'autre. Doux et candide, M. Albert Candide venait nous demander une lettre affirmant qu'il n'appartenait pas à la rédaction de l'anarchie.
Il lui fallait cette lettre sous peine de renvoi.
On parle de liberté d'opinion. Tant que les individus n'auront pas la liberté économique, la liberté de leur ventre, toutes les autres seront fictives.
Après les dix heures légales de travail, les ouvriers ne sont pas eux. Ils se reposent, ils prennent de nouvelles forces, afin de mieux pouvoir travailler, mais ils sont la chose de leur patron.
Dehors comme à l'atelier, les ouvrier doivent suivre la ligne tracée par le maître.

Je ne sais trop pourquoi j'ai accédé à la demande de cet homme, j'aurais du refuser.
Ses maîtres l'auraient chassé. Peut-être eut-il réfléchi, ou, indécrottable, il serait mort de misère.
Ça aurait été un esclave de moins.

Anna Mahé, Mai 1905.

Source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1193275/f5....



*chiquenaudes et les croquignoles est le titre d'une chronique irrévérencieuse du journal "l'anarchie", signée "Candide".
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