La Nature Humaine existe t'elle?

La Nature Humaine existe t'elle? Smile
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Vaaaaste sujet ! Wink
Le mot "nature" a déjà plusieurs acceptions.
- Posé sans adjectif, il désigne ce qui en ce monde n'est pas humain ou façonné par l'humain. Personnellement, je lui préfèrerais "biosphère" incluant l'humain comme participant à cette dernière.
- En l’occurrence, il s'agit plus de ce qui pourrait être un dénominateur commun à tous les membres de l'espèce humaine. Or notre époque nous montre que nous sommes tous.tes plus ou moins enbringué.es dans le délire narcissique de nous considérer hors la biosphère et de considérer tout ce qui n'est pas nous (la nature, donc) comme utilisable et corvéable. A chacun.e d'entre-nous de fixer les limites de cette prédation dont l'avidité semble ne pas avoir de fin.

Du coup, on pourrait dire que cette avidité de l'humain qui est quasiment étrangère aux bushmens et amérindiens de la forêt amazonienne (entre autres exemples) et qui dévore les capitalistes les plus corremmp.ues serait cette nature humaine.

Mais je n'en suis même pas sur moi-même, bien que conscient d'avoir acquis de part ma naissance dans un pays capitaliste et colonialiste, cette culture de la prédation.

Vaaaaste sujet ! Wink
Le mot "nature" a déjà plusieurs acceptions.
- Posé sans adjectif, il désigne ce qui en ce monde n'est pas humain ou façonné par l'humain. Personnellement, je lui préfèrerais "biosphère" incluant l'humain comme participant à cette dernière.
- En l’occurrence, il s'agit plus de ce qui pourrait être un dénominateur commun à tous les membres de l'espèce humaine. Or notre époque nous montre que nous sommes tous.tes plus ou moins enbringué.es dans le délire narcissique de nous considérer hors la biosphère et de considérer tout ce qui n'est pas nous (la nature, donc) comme utilisable et corvéable. A chacun.e d'entre-nous de fixer les limites de cette prédation dont l'avidité semble ne pas avoir de fin.

Du coup, on pourrait dire que cette avidité de l'humain qui est quasiment étrangère aux bushmens et amérindiens de la forêt amazonienne (entre autres exemples) et qui dévore les capitalistes les plus corremmp.ues serait cette nature humaine.

Mais je n'en suis même pas sur moi-même, bien que conscient d'avoir acquis de part ma naissance dans un pays capitaliste et colonialiste, cette culture de la prédation.


ça alors!?? La Nature Humaine ne serait donc Ni Nature, Ni Humaine?!?
Quelle étrange conclusion Smile
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Miyette a dit...



ça alors!?? La Nature Humaine ne serait donc Ni Nature, Ni Humaine?!?
Quelle étrange conclusion Smile
Je poursuivais mais j'ai cliqué sur le mauvais bouton "fermer", ça sera tout pour ce soir
Je me méfie beaucoup de la notion de nature humaine, la définir suppose de stigmatiser des déviations supposément contre-nature. Et pour ce que j'en ai vu, c'est pas les gens les plus progressistes qui font appel à ce concept. D'une notion rousseauiste plutôt libertaire l'argument est passé aux tenants du pire contrôle de nos vies (sexuelle notamment). Pis je trouve que ce qui nous rend intéressant.es les un.es aux autres c'est notre personne sociale et culturelle. Les instincts profonds "naturels" sous-jacents à notre personnalité sociale existent incontestablement mais j'y connais rien.
+1 pour choufleur

Je suis dans une série de bouquins sur le nazisme et c'est épatant de voir comment ils ont justifié tout ce qu'on leur reproche (à très juste titre) par sa naturalité ; parfois en disant "ceci est anti-naturel, il faut donc s'en débarrasser" (l'exemple le plus parlant serait, à mon avis, sur la compassion et le soin qu'elle suppose envers les plus faible ; pour eux, une absurdité affaiblissant la "communauté du peuple") et sur d'autres sujets "ceci est naturel, il faut en faire une loi humaine" (L'exemple serait l'expansion du biotope germanique/nordique aux dépends des Slaves ; pour eux les lois de la vie disait que ce n'est pas un crime de chasser des millions de paysans ou de les réduire en esclavage pour le bien d'une race, les animaux occupent autant de territoire que nécessaire, les humains doivent en faire autant).

Bon, ils parlaient de leur peuple/ethnie/culture, pas vraiment d'humanité ; l'idée d'une nature humaine universelle leur était odieuse. Mais, pour eux, chaque volk (peuple/ethnie/culture) avait sa propre nature, toutes les créations culturelles et tous les artefacts étant le fruit de la biologie de chaque "race".

C'est un peu éloigné du débat plus philosophique qu'amène la question d'une éventuelle nature humaine, pour autant je pense intéressant de penser aussi sous cet angle.
Hors-même du nazisme, on a souvent confronté nature et culture.

Dans le même genre de dichotomie, celle du barbare (ma source est "Homo Domesticus" de l'anthropologue James C Scott qui évoque la formation des premiers états)
- dont l'origine sémantique est "qui parle une autre langue" (provenant du phonème ba-ba, langue incompréhensible)
- mais son acception fut ensuite connotée à une violence insoutenable que les Romains attribuaient aux peuples voisins non sédentaires et surtout hors-Etat pour justifier leur violence et asservissement à leur égard. Sens que nous utilisons aujourd'hui pour qualifier les auteurs d'actes horribles.

De la même source, je pourrais aussi citer celle du "bouc émissaire", sensé conjurer les premières épidémies suite à la domestication des animaux...

Bref, est-ce aussi dans la "nature humaine" de segmenter ses semblables pour mieux les contrôler, utiliser, asservir ?
Bon alors on a l'utilisation droitiste et extrême-droitiste de l'expression, vu sa longévité, y'en a forcément aussi une utilisation plus progressiste, dans le temps non?

Ha c'est drôle, je me rendais compte que cette expression m'évoquait d'avantage des qualités communes, je vois que je ne les avais pas tirées de rien :
https://www.universalis.fr/encyclopedie/humanite/#...

Cette question de la nature humaine revient souvent dans les discussions, en fin de compte, et presque toujours invariablement les un.e.s pour dire qu'iel croit en la "Nature Humaine", et l'autre pour répéter la propagande éternelle selon laquelle Darwin aurait décrété qu'à la base de la Nature animale, et par extension l'humaine, sont régies par la fameuse "loi de la jungle", autrement dit "la nature humaine" serait d'être un prédateur.
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Que l'on prête à notre nature des ressorts positifs comme dans ta définition d'humanité, ou négatifs (darwinisme social, etc.), n’y a-t-il pas une forme de déisme derrière cette facilité de vouloir que notre « nature » ait un dessein ?
Tous les humains, depuis que cette espèce existe sont issus d’une société avec des langues, des règles, des croyances, etc. S’il y a un truc qui nous est naturel c’est bien d'être social. Du coup se poser la question de notre nature profonde débarrassée de la couche sociale n’a pas beaucoup de sens à mon avis. Par contre, et on semble tous d’accord là-dessus, ça sert à postériori à justifier un tas de conneries (selon où tu vis : les hommes ont plus de biscotos que les femmes > il est naturel qu’ils les dominent physiquement ; la viande humaine est comestible > le cannibalisme est dans notre nature…)
choufleur a dit...

Que l'on prête à notre nature des ressorts positifs comme dans ta définition d'humanité, ou négatifs (darwinisme social, etc.), n’y a-t-il pas une forme de déisme derrière cette facilité de vouloir que notre « nature » ait un dessein ?
Tous les humains, depuis que cette espèce existe sont issus d’une société avec des langues, des règles, des croyances, etc. S’il y a un truc qui nous est naturel c’est bien d'être social. Du coup se poser la question de notre nature profonde débarrassée de la couche sociale n’a pas beaucoup de sens à mon avis. Par contre, et on semble tous d’accord là-dessus, ça sert à postériori à justifier un tas de conneries (selon où tu vis : les hommes ont plus de biscotos que les femmes > il est naturel qu’ils les dominent physiquement ; la viande humaine est comestible > le cannibalisme est dans notre nature…)

Un dessein, vraiment? ou simplement des traits communs qui permettent l'étude de l'humain? Au delà des différences entre homme et femme, d'ailleurs, tu sembles oublier "humaine"...
Mais je te rejoins sur ce point : s'il est quelque chose qu'on peut sans conteste, je suppose ranger dans "la nature humaine", c'est sa dimension sociale
En fait je me rends compte qu'à un certain niveau, c'est précisément la sociologie qui détient sans doute le plus de réponses à ce sujet.
Autre question, je ne sais pas si elle nous sera utile, mais elle me vient, alors je vous la soumet : existe t'il une différence entre "la nature humaine" et ce qu'on appelle "l'humanité" au sens "faire preuve d'humanité"?
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choufleur a dit...

Que l'on prête à notre nature des ressorts positifs comme dans ta définition d'humanité, ou négatifs (darwinisme social, etc.), n’y a-t-il pas une forme de déisme derrière cette facilité de vouloir que notre « nature » ait un dessein ?
Tous les humains, depuis que cette espèce existe sont issus d’une société avec des langues, des règles, des croyances, etc. S’il y a un truc qui nous est naturel c’est bien d'être social. Du coup se poser la question de notre nature profonde débarrassée de la couche sociale n’a pas beaucoup de sens à mon avis. Par contre, et on semble tous d’accord là-dessus, ça sert à postériori à justifier un tas de conneries (selon où tu vis : les hommes ont plus de biscotos que les femmes > il est naturel qu’ils les dominent physiquement ; la viande humaine est comestible > le cannibalisme est dans notre nature…)


Possible que je me trompe, je ne suis pas calé du tout dans l'histoire des idées ; il me semble que la Nature humaine dont on parle est nourrie par l'Humanisme naissant, donc une pensée qui cherchait à confier les rênes de sa destinée à l'humain dans un contexte où penser en dehors du divin est "impossible". Savoir si l'humain à l'état naturel est bon ou mauvais, à cette époque, c'est savoir s'il a besoin d'être soumis à Dieu et à ses représentants ou s'il peut être libre, établir ses propres lois, établir une morale hors des commandements divins, etc. En gros, c'est un des points de départ de la laïcité, de la démocratie et tout le toutim. Mais ce début s'inscrit dans un contexte où la destinée, la providence ne sont pas remises en question, c'est ce qui explique la puissance du concept de progrès qui suivra et reste encore d'actualité. (Il y a un chemin vers le meilleur que nous suivons)

Bref, le débat est dépassé mais il a eu son importance.

Miyette a dit...


Un dessein, vraiment? ou simplement des traits communs qui permettent l'étude de l'humain? Au delà des différences entre homme et femme, d'ailleurs, tu sembles oublier "humaine"...
Mais je te rejoins sur ce point : s'il est quelque chose qu'on peut sans conteste, je suppose ranger dans "la nature humaine", c'est sa dimension sociale
En fait je me rends compte qu'à un certain niveau, c'est précisément la sociologie qui détient sans doute le plus de réponses à ce sujet.
Autre question, je ne sais pas si elle nous sera utile, mais elle me vient, alors je vous la soumet : existe t'il une différence entre "la nature humaine" et ce qu'on appelle "l'humanité" au sens "faire preuve d'humanité"?


Toujours dans le registre "je parle de l'histoire des idées en n'y connaissant rien", j'ajoute que, là aussi il s'agit d'un héritage des moments où le divin était l'explication. L'Humanisme se forme en partant du postulat que, comme le dit la Bible, l'humain est une créature à part ; qu'elle est au delà/en dehors de la nature (elle fait partie de la création mais il y a la création des animaux de la mer, ceux de la terre et ceux qui volent et ensuite celle de l'humain) et donc qu'il ne peut y avoir d'étude de l'animal qui comprenne l'humain, d'où une "nature humaine".

La sociologie permet d'apprendre beaucoup de choses sur des cultures plus que sur un universel. La plupart des études, une fois reproduites dans un contexte différent, donnent des résultats différents selon la culture où elles ont lieu.
Sympa ce débat Smile Je me permets d'apporter un point de vue tiré de l'anthropologie. La discipline a longtemps opposé les notions de nature et de culture. L'idée d'une "nature humaine" a effectivement toujours été mobilisée pour justifier des comportements qui seraient instinctifs, genre quand c'est plus fort que nous, qu'on peut pas s'en empêcher. Seulement, on est totalement déterminé par nos environnements sociaux (qui n'existent que parce qu'ils sont culturels), donc toutes nos tendances instinctives passent au filtre de la culture. En d'autres termes, chez l'être humain, nature et culture sont les deux faces d'une même pièce.
On a bel et bien des tendances instinctives : la soif, la faim, le sommeil, le rêve, les pensées inconscientes, l'attachement, la perception d'émotions, l'articulation entre dépense d'énergie et bien-être (homéostasie), les réflexes moteurs, le besoin de conserver une certaine température corporelle... mais toutes sont conditionnées par la culture qu'on a acquise. Selon nos habitudes culturelles, on n'a pas faim pour les mêmes raisons, on développe pas des névroses pour les mêmes raisons, on n'a pas peur pour les mêmes raisons, etc.
Enfin, certains travaux (passionnants) portent sur la représentation de la nature en fonction des différentes cultures, et en France on a un champion : Philippe Descola. Je vous conseille son livre "Par-delà nature et culture", ses conclusions ont été un apport révolutionnaire pour la discipline.