Récits et poèmes d'outre-grilles

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Voici un court texte, sorte de "Aiku-Polar", écrit par Cesare Battisti depuis la maison d'arrêt de Rossano, en Calabre, sous le titre "Un fiore" et traduite de l'italien ci-après par 1mot2Cesare. (Le texte original suit juste après)
Merci, si vous êtes en mesure de le faire, de vérifier cette traduction, ou de la prendre avec précaution dans le cas contraire. En effet, la maxime selon laquelle "traduire est toujours un peu trahir", outre les faux frères fréquents entre l'italien et le français, prend d'autant plus de sens dans une situation comme celle que Cesare vit actuellement.

"Chers tous,
sans ordinateur et tout le matériel nécessaire pour continuer mon travail,
j'ai pensé pouvoir tromper l'éternel isolement en écrivant quelque rapide délire.
Voici une première "fleur" (...)"




Une fleur



Marco boit à trois reprises, plongeant ses mains dans l'eau froide du torrent. Puis il se lève, s’étire et contemple les libellules qui effleurent frénétiquement le courant. "L'eau chante le flux de la vie" se surprend-t’il à dire à haute voix à l'instant précis où une secousse le cueille, le faisant vibrer comme une note échappée de sa partition. Il s'est vu, lui-même, debout sur la rive opposée. Stupéfait de l'apparition, il ne pense pas à une illusion. À l'incroyable rencontre des reflets à la surface de l'eau, au ciel si dense de turquoise qu'il semble factice. Ou bien c’est la fatigue qui lui joue un tour. Il ne pense pas, il est hypnotisé par lui-même. La violente secousse s'estompe aussi soudainement qu'elle est venue. Marco sirote la vapeur d'eau imprégnée du parfum de certaines fleurs qui ne s'épanouissent qu'au bord de la mort. Le désarroi initial, le chant de l'eau cristalline l’a emporté avec lui. D'une rive à l'autre, il observe sa fine silhouette en souriant. Il tente un geste, comme s’il s’agissait d’un miroir et que l'autre le répétait. Il se sent bête et respire encore le parfum de cette fleur. De la rive opposée part un coup de feu. Il y a une musique délicate dans l'air, qui célèbre la nature et le flux de la vie.

Cesare Battisti - Septembre/Octobre 2020







"Cari,
sprovvisto di computer e tutto il materiale per continuare il mio lavoro,
ho pensato di ingannare l'eterno isolamento scrivendo qualche rapido delirio.
Ecco un primo “fiore” (...)"



Un fiore



Marco beve a tre riprese, affondando le mani a coppa nell'acqua fredda del torrente. Poi si alza, si stira e si mette a contemplare le libellule che sfiorano frenetiche la corrente. “L'acqua canta il fluire della vita” si sorprende a dire ad alta voce nell'istante in cui un tremore lo coglie, facendolo vibrare come una nota sfuggita allo spartito. Ha visto sulla riva opposta se stesso in piedi. Esterrefatto dall'apparizione, non pensa a un'illusione. All'incredibile incontro di riflessi della superficie dell'acqua, al cielo così denso di turchese da sembrare finto. Oppure è la stanchezza a giocargli un tiro. Non pensa, è ipnotizzato tuo cospetto. Il tremito violento svanisce all'improvviso come è venuto. Marco respira a sorsi il vapore acqueo impregnato del profumo di certi fiori che sbocciano solo sul punto di morire. Lo sgomento iniziale se l'è portato via il canto dell'acqua cristallina. Da una riva all'altra, egli osserva la sua figura magra che sorride. Tenta un gesto, come fosse specchio e l'altro ripetesse. Si sente sciocco e respira ancora il profumo di quel fiore. Dalla riva opposta, parte un colpo di pistola. C'è nell'aria una musica delicata, festeggia la natura il fluire della vita.

Cesare Battisti
Rossano,
Settembre/Ottobre 2020.