Récits et poèmes d'outre-grilles

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L'écriture, c'est ce qui tient l'homme debout face à l'adversité.

Si "Indio" est paru un an et demie après l'enlèvement de Cesare par l'Italie en Bolivie et son incarcération à Oristano, il n'a pourtant pas été écrit en Italie. Sa parution, prévue en amont, avait alors été reportée en raison des évènements.

Il a, en revanche, écrit et finalisé un autre roman depuis la prison d'Oristano, dont il était content, bien que le prix en soit élevé, d'avoir pu soigner les finitions "à loisir". Il disait, en plaisantant, s'alarmer d'avoir, en comparaison, presque "bâclé" les finitions de ses romans précédents. Malheureusement ce manuscrit si bien travaillé a été retenu par la direction d'Oristano, et n'a pas pu, à ce jour, rencontrer ses éditeurs.

Un nouveau roman est en cours d'écriture depuis Mars dernier, en pause, faute notamment de matériel de documentation, en l'absence d'un accès à internet, et maintenant plus encore en Calabre, faute d'ordinateur.

Restent les nouvelles, les récits courts, les réflexions et témoignages littéraires, dont il est à espérer qu'il puisse continuer à les écrire et à nous les faire parvenir, dans la situation actuelle qui est extrêmement tendue, parce que c'est sa bouée de survie. Et parfois la nôtre aussi, il faut bien le dire.

Des traductions en seront alors proposées ici.



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L'ile du Chat Bleu


Un conte pour enfants, écrit par Cesare Battisti alors qu'il était incarcéré à Oristano, publié sur Carmilla online - Il caso Battisti, Testi le 2 Settembre 2020 sous le titre L’isola del Gatto Blu et traduite de l'italien ci-après par 1mot2Cesare.
Merci, si vous êtes en mesure de le faire, de vérifier cette traduction, ou de la prendre avec précaution dans le cas contraire. En effet, la maxime selon laquelle "traduire est toujours un peu trahir", outre les faux frères fréquents entre l'italien et le français, prend d'autant plus de sens dans une situation comme celle que Cesare vit actuellement.

A mon petit Raul Tomaz. Pour son chat de peluche que j’entrevois au travers de la webcam,
pour les délices qu'il glisse dans son panier,
pour ses voyages à l'infini.




Au milieu d'une mer inconnue, derrière une barrière de vagues monstrueuses, se dressait l'île du chat bleu. C'était une île mystérieuse, plein de charmes et de secrets. Tant de secrets que personne, jamais, n'avait réussi à les découvrir.

C'était une île magique. Il se racontait que toute personne qui pouvait débarquer sur ses plages dorées recevrait le pouvoir de réaliser tous ses rêves. Réaliser les rêves ? Oui, tous, même les plus espiègles. Qui n’aurait pas aimé posséder si grand don ! Mais, comme tous les
les merveilles, rares sont ceux qui les méritent.

On partait de toutes les coins de la Terre pour braver les vagues et pouvoir profiter d’un bien si précieux. Parfois, il semblait presque que quelqu'un avait réussi. Mais, à deux pas de la plage dorée, alors que les poissons aux couleurs chatoyantes sortaient déjà de l'eau pour applaudir, le malheureux, épuisé par l'effort, perdait l'espoir et se noyait.

Il était très difficile de se rendre sur l'île. Rois, guerriers, même les super-héros, quiconque osait défier la mer finissait emporté par des vagues aussi grandes que des montagnes. La force n’y faisait pas grand chose, ni la ruse et la richesse encore moins. Seul celui qui avait le cœur aussi pur que l'amour pouvait réaliser ce rêve merveilleux.

Mais comment fait-on pour avoir le cœur pur ? C'était la question que tout le monde posait et à laquelle personne ne pouvait répondre.

Après tant de tentatives tragiquement échouées pour atteindre l'île, même les plus courageux n’osèrent plus se mettre en route. Trop d’entre eux étaient partis et n'étaient jamais revenus. Personne ne réussirait à vaincre la fureur de la mer.
Ainsi passèrent les années. Occupés à se faire la guerre, les peuples finirent par oublier la merveilleuse île du Chat bleu.

Longtemps, bien longtemps après, alors que même les guerres s’étaient fatiguées des hommes et ces derniers ne sachant plus que faire, surgit une pandémie qui a ébranla le monde. Du jour au lendemain, tous ceux qui sortaient dans la rue pour s'amuser ou pour travailler furent contraints de rester cloîtrés à la maison. S'ils sortaient à découvert, le virus méchant les assaillait à l’improviste et les asphyxiait. Seuls ceux qui sortaient masqués avec les adultes parvenaient parfois à courir au marché puis rentrer, toujours en courant, à la maison. Mais on ne pouvait pas y aller tous les jours, c'était dangereux !

Une vie aussi dure, personne ne la mérite. Même les arbres et les les animaux du parc étaient devenus tristes. Parce que les enfants ne venaient plus jouer. Les petits étaient enfermés à la maison toute la journée. Pauvres enfants, à la recherche de quelque chose pour se distraire ou d'un morceau à grignoter. Ce n'était pas une vie que celle là. Un enfant a bien le droit de jouer, de gambader à l'air libre pour essouffler un peu les adultes qui courent derrière. Et ne pas rester assis à la maison à rêvasser, à attendre qu’il se passe quelque chose d'intéressant.

C'est ce qui était arrivé à Bubù au temps de la pandémie.

L'après-midi était étouffant. L'enfant avait le visage enfoncé dans le canapé. "Qu'est-ce que je fais maintenant ?" se demandait-il en se donnant des coups de pied. De temps en temps, il se levait pour aller au frigo se prendre chose à grignoter. Il fallait faire tout doucement. Ne pas se faire entendre de sa mère qui faisait mine de travailler dans la pièce à côté. Mais, bien que de bon appétit, le pauvre Bubù n’en pouvait plus des aubergines habituelles. Ou de cette caillette, que lui trouvait plutôt dégoûtante.

La pandémie ne cédait rien. Pendant un certain temps, Bubù avait aussi tenté de se résigner à cet enfermement. Mais maintenant, il se sentait étouffer. Il rêvait les yeux ouvert, de prairies infinies, de courses à en perdre le souffle, de forêts, de jeux, de la mer. Mais ce jour-là, l'image la plus déchirante, celle qui ne l'a pas quitté, était une assiette pleine de saucisses avec des champignons et des frites. Un délice qui le prenait à l'estomac, le faisant se tordre sur le canapé comme une anguille hors de l’eau.

Au bord du désespoir, avec l'odeur de saucisse qui obscurcissait sa vision, un gémissement lui échappa qui fait vibrer toute la maison. Effrayé par ses propres lamentations, il n’entendit pas immédiatement le miaulement. Puis il senti un poil doux frotter contre sa jambe nue, et sursauta. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir un chat bleu sur son canapé. C'était un chat grand et gros et il était tranquillement assis sur ses pattes arrière. Il le regardait fixement et il semblait lui sourire avec ses longues moustaches noires. Revenu de sa surprise, Bubù réalisa que le bleu n'était pas une couleur de chat.
Et puis, d'où pouvait-il bien surgir ?



- Que de questions ! Dit soudain le chat.
Bubù alla se recroqueviller au fond du canapé, se cachant le visage entre ses mains. Ce pouvait-t’il que se soit lui qui ait parlé ? Était-ce la faim qui lui provoquait des illusions ? Bubù jeta un œil entre ses doigts pour s’assurer qu’il ne l'avait pas imaginé. Mais le chat bleu était juste là, assis sur son canapé. L'air un peu agacé, il parla à nouveau :

- Qu’est-ce qui t’arrive, tu n’as jamais vu un chat ?

Bubù respira profondément, il se pinça l'oreille, puis trouva le courage de répondre :

- Oui, je veux dire... non, les chats ne parlent pas.

Le chat bleu éclata de rire.

- Shhht, fit aussitôt Bubù. Maman peut t'entendre.

- Tu as raison, répondit le chat. Mieux vaut être prudent, les mères sont curieuses

Mais dis-moi, mon garçon, c’est quoi cette histoire de saucisses, de prairies et de mer ? Bubù en resta bouche bée.

- Comment les chats savent-ils ce que je pense ? demanda t’il, incrédule. Le chat bleu était sur le point d'exploser dans un autre rire, mais il se retint en plaquant la patte sur sa bouche.

- hé, hé, mon cher, mais je ne suis pas n'importe qui. Je suis le Chat Bleu, le gardien de l'île magique.

A ces mots, Bubù répliqua, renfrogné,

- Ce n'est pas vrai, le professeur à l'école a dit que c’était une légende.

- Très juste, fit le chat en tapotant le canapé de la patte, mais même les légendes peuvent devenir réalité. Regarde-moi, ne suis pas en train de parler en ce moment-même?

Le pauvre Bubu ne trouvait plus de mots. Ça lui aurait plu, à lui, que ce chat bleu dise la vérité et que l'île magique existe vraiment. Mais une telle chose n’était jamais arrivé à personne auparavant. Pourquoi justement à lui ? Est-ce que ce n’était pas par hasard, le virus qui le faisait délirer ? Et puis...

Le Chat Bleu interrompit brusquement ses pensées.

- Cesse de te lamenter, sais-tu combien ont essayé d’aller sur l'île et en sont tous morts ? Et toi qui as la chance de m'avoir ici, tu voudrais tout gâcher parce que les adultes disent que je n'existe pas ? Ça ne te plairait pas de réaliser tous tes rêves ? Cette saucisse, par exemple, huumm, tu l’as oubliée ?

Bubù a senti sa bouche se remplire de salive. Il se serait jeté sur cette saucisse, mais il avait trop peur de se réveiller en mastiquant encore des aubergines.

- Et revoilà ces aubergines. En somme c’est ce que tu veux plutôt que ces saucisses ?

- Ho et puis zut, s'écria Bubù, que dois-je faire pour l'obtenir ?

- Simple, miaula le chat bleu, il suffit de caresser ma tête.

- Et il y aura aussi les champignons avec les frites ?

- Bien sûr, mais alors il faudra caresser avec toute la pureté de ton cœur.

À peine Bubù eut glissé doucement ses doigts sur la tête du Chat Bleu, qu'un plat de saucisses, de champignons et de frites fumantes se matérialisa sur le canapé. Titubant, Bubù allongea la main. Il en senti la consistance sous ses doigts, et, enivré par l'odeur, se rua sur l'assiette et commença à l’engloutir à pleines mains.

- Hé, doucement, laisse-moi quelque chose pour moi aussi, et ensuite je dois rentrer tout là bas sur l'île.

En un clin d'œil, la vaisselle fut nettoyée. Bubù se léchait les doigts et le Chat Bleu ses petites pattes.

- Bon, je dois vraiment y aller maintenant, dit le Chat Bleu, s'étirant paresseusement. Quand tu voudras réaliser un autre rêve, viens me chercher.

Les larmes de Bubù jaillirent.

- Mais je ne peux pas traverser des vagues aussi hautes que des montagnes pour venir sur votre île.

Ému par ces mots, le Chat Bleu sauta sur ses genoux, et avec sa langue un peu rude, il a essuya ses larmes. Puis dans un miaulement mélodieux, il dit :

- Ne t'inquiète pas mon petit ami, ton cœur est pur. Il n’y aura pas de vagues pour t’arrêter au cours de traversées sans fin. Il te suffira de penser à moi avec ton cœur et je serai là pour réaliser chacun de tes rêves.

Ayant dit ces mots, le Chat bleu, pouf, s’évanouit dans les airs. Bubù resta pensif un instant. Puis il couru au frigo et se servi un reste de confiture de cerises. Le chat bleu avait oublié le dessert.




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Voici un court texte, sorte de "Aiku-Polar", écrit par Cesare Battisti depuis la maison d'arrêt de Rossano, en Calabre, sous le titre "Un fiore" et traduite de l'italien ci-après par 1mot2Cesare. (Le texte original suit juste après)
Merci, si vous êtes en mesure de le faire, de vérifier cette traduction, ou de la prendre avec précaution dans le cas contraire. En effet, la maxime selon laquelle "traduire est toujours un peu trahir", outre les faux frères fréquents entre l'italien et le français, prend d'autant plus de sens dans une situation comme celle que Cesare vit actuellement.

"Chers tous,
sans ordinateur et tout le matériel nécessaire pour continuer mon travail,
j'ai pensé pouvoir tromper l'éternel isolement en écrivant quelque rapide délire.
Voici une première "fleur" (...)"




Une fleur



Marco boit à trois reprises, plongeant ses mains dans l'eau froide du torrent. Puis il se lève, s’étire et contemple les libellules qui effleurent frénétiquement le courant. "L'eau chante le flux de la vie" se surprend-t’il à dire à haute voix à l'instant précis où une secousse le cueille, le faisant vibrer comme une note échappée de sa partition. Il s'est vu, lui-même, debout sur la rive opposée. Stupéfait de l'apparition, il ne pense pas à une illusion. À l'incroyable rencontre des reflets à la surface de l'eau, au ciel si dense de turquoise qu'il semble factice. Ou bien c’est la fatigue qui lui joue un tour. Il ne pense pas, il est hypnotisé par lui-même. La violente secousse s'estompe aussi soudainement qu'elle est venue. Marco sirote la vapeur d'eau imprégnée du parfum de certaines fleurs qui ne s'épanouissent qu'au bord de la mort. Le désarroi initial, le chant de l'eau cristalline l’a emporté avec lui. D'une rive à l'autre, il observe sa fine silhouette en souriant. Il tente un geste, comme s’il s’agissait d’un miroir et que l'autre le répétait. Il se sent bête et respire encore le parfum de cette fleur. De la rive opposée part un coup de feu. Il y a une musique délicate dans l'air, qui célèbre la nature et le flux de la vie.

Cesare Battisti - Septembre/Octobre 2020







"Cari,
sprovvisto di computer e tutto il materiale per continuare il mio lavoro,
ho pensato di ingannare l'eterno isolamento scrivendo qualche rapido delirio.
Ecco un primo “fiore” (...)"



Un fiore



Marco beve a tre riprese, affondando le mani a coppa nell'acqua fredda del torrente. Poi si alza, si stira e si mette a contemplare le libellule che sfiorano frenetiche la corrente. “L'acqua canta il fluire della vita” si sorprende a dire ad alta voce nell'istante in cui un tremore lo coglie, facendolo vibrare come una nota sfuggita allo spartito. Ha visto sulla riva opposta se stesso in piedi. Esterrefatto dall'apparizione, non pensa a un'illusione. All'incredibile incontro di riflessi della superficie dell'acqua, al cielo così denso di turchese da sembrare finto. Oppure è la stanchezza a giocargli un tiro. Non pensa, è ipnotizzato tuo cospetto. Il tremito violento svanisce all'improvviso come è venuto. Marco respira a sorsi il vapore acqueo impregnato del profumo di certi fiori che sbocciano solo sul punto di morire. Lo sgomento iniziale se l'è portato via il canto dell'acqua cristallina. Da una riva all'altra, egli osserva la sua figura magra che sorride. Tenta un gesto, come fosse specchio e l'altro ripetesse. Si sente sciocco e respira ancora il profumo di quel fiore. Dalla riva opposta, parte un colpo di pistola. C'è nell'aria una musica delicata, festeggia la natura il fluire della vita.

Cesare Battisti
Rossano,
Settembre/Ottobre 2020.





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On peut sans doute dire aujourd'hui que Cesare est enterré vivant en Calabre. Il croule sous les coups d'une série de sanctions disciplinaires. l'une d'elles sanctionne la transmission de ses textes littéraires, témoignages et revendications par voie postale depuis la prison d'Oristano alors qu'il n'était pourtant pas soumis à la censure, l'empêchant pratiquement d'envoyer et de recevoir son courrier (hormis les dizaines de lettres de menaces, qui elles, étrangement, ne semblent pas soumises à la censure). Une autre sanctionne sa tentative de faire passer par sa famille des informations pour ses avocats, qu'il n'a pas pu avoir en ligne depuis le 12 Septembre, (jour ou il était transféré en Calabre, encore plus inaccessible pour eux comme pour le maintien du lien familial), et dont l'enregistrement avait été diffusé par les médias italiens le 26 Septembre dernier. Depuis, son isolement total se maintien, sans même un livre à lire.
Le texte qui suit illustre en partie, sous une forme littéraire, cette situation, ses efforts pour ne pas voir son esprit se disloquer sous un tel traitement, et la façon dont cela affecte, malgré de tels efforts, son élan vital. En voici la traduction faite par 1mot2Cesare. (Le texte original suit juste après)

Merci, si vous êtes en mesure de le faire, de vérifier cette traduction, ou de la prendre avec précaution dans le cas contraire. En effet, la maxime selon laquelle "traduire est toujours un peu trahir", outre les faux frères fréquents entre l'italien et le français, prend d'autant plus de sens dans une situation comme celle que Cesare vit actuellement.



Un fil d'air



Un fil d’air

L'oreille appuyée contre le matelas de mousse, Marco entend le grondement des parois saturées de peines. Air figé, odeur de temps mort.
"Vous devriez changer d'oreille", dit la tache brune sur le mur, qui se dilate et se contracte au rythme de la respiration. C'est une question d'air, pense Marco. Le bon air fait du bien au esprits reclus et aux ombres sans soleil.
Marco est quelqu'un qui a travaillé dur pour se libérer des besoins fondamentaux. Dont l’air, qui lui manque à en mourir. En revanche, le temps règne en maître, avec ses milliers de bougies soufflées.
Lorsqu'il repose sur une seule oreille, il peut entendre les bruits anciens, les traces des illusions chargées de poussières et les promesses effilochées. Échos d'un monde encore rythmé par le temps. On n'y est jamais absolument libre. Les murs le savent, les taches, les araignées et les moustiques le disent. Des millions de visages défaits par un rictus de satisfaction.
Si Marco envisageait de s’agiter, juste pour faire quelque chose, il offenserait la sagesse de ses murs et resterait seul. Il arrive à Marco de décoller brusquement l’oreille du matelas déprimé, c'est pour voir s'il n'y a rien d'autre autour à éliminer. Il taquine le temps, qui ne lui cache pas une dernière récurrence. Mais les murs ne se laissent pas tromper, ce sont des soubresauts paranoïaques.
Comme lorsqu’on s’imagine pouvoir sentir l'espace entre ses doigts. Il écarte les doigts juste assez pour laisser passer un filet d'air et en aspire les effluves à narines dilatées. Juste une astuce pour distraire l'esprit et ouvrir une fenêtre. Donner de la mobilité aux ombres stagnantes.
Marco, lorsqu'il rêve, il lui semble voler entre des ballons colorés et des guirlandes d'or et d'argent.

Cesare Battisti - Octobre 2020









Un filo d'aria




L’ orecchio schiacciato contro il materasso di gommapiuma, Marco sente il brontolio dei muri saturi di pene. Aria stagna, odore di tempo morto.
“Dovresti cambiare d'orecchio” dice la macchia bruna sul muro, che si dilata e restringe al ritmo della respirazione. È una questione d'aria, Marco pensa. Quella fina fa bene alle menti chiuse e alle ombre orfane di sole.
Marco è qualcuno che ha sudato per liberarsi da bisogni basilari. Tranne l’aria, gli manca da morire. In compenso domina il tempo con le sue migliaia di candeline spente.
Quando riposa su un orecchio solo, percepisce i rumori antichi, strascichi di illusioni cariche di polvere e promesse sfilacciate. Echi di un mondo ancora scandito dal tempo. Non si è mai assolutamente liberi. Lo sanno i muri, lo dicono le macchie, i ragni e le zanzare. Milioni di facce sbaragliate da un ghigno di soddisfazione.
Se a Marco venisse in mente di agitarsi, tanto per far qualcosa, offenderebbe la saggezza dei suoi muri e resterebbe solo. A Marco capita di scollare bruscamente l'orecchio dal materasso avvilito, è per vedere se non ci sia altro in giro da eliminare. Stuzzica il tempo, che non gli nasconde un'ultima ricorrenza. Ma i muri non si lasciano ingannare, sono soprassalti paranoici.
Come quando si immagina di sentire lo spazio con le mani. Allarga le dita quel tanto da far passare un filo d'aria, e ne aspira gli effluvi a narici dilatate. Appena un trucco per distrarre la mente ed aprire uno spiraglio. Dare mobilità alle ombre stantie.
A Marco, quando sogna, sembra di volare tra palloncini colorati e ghirlande d'oro e d'argento


Cesare Battisti
Rossano,
Ottobre 2020.





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Texte original en italien à la suite.

Jusqu'à la fin


Marco descend du lit tous les matins comme de l’échelle d’un astronef.
Chaque pas sur un sol alien couvre des distances interplanétaires. L'inertie l'aide à progresser. Il n’en finit plus de se surprendre lui-même de sa capacité à respirer. Face à une journée intemporelle. Pour compagnie, les gémissements de qui l'a précédé.

Marco se retire.
Il confond les ombres de la nuit avec les sons des fêtes alcoolisées, les parfums exotiques, les orgies de souvenirs d'autrui. Des pensées qui ne disent plus rien.
Il y aurait quelqu'un à qui dire stop. Levez les bras, rendez-vous ou mourrez.
Il trouverait au moins un mot à lui tirer dans le cœur. Un blues, une samba originelle à s'en évanouir. Une histoire d'amour qui finit bien.

Marco respire, pour puiser, indemne dans l'essoufflement du soir.
Dans le silence fourmillant de points, le cri d'un enfant s'insinue. Douceur amère, images qui s'épaississent dans le ciel. Des gouttelettes de pluie passagère tombent sur la peur du futur. S'évaporer dans le présent. Jusqu'au bout, jusqu'au bout de la lumière. Avant d'aller se coucher tous les soirs, Mario détache les photos de famille accrochées au mur.


Cesare Battisti



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Fino alla fine


Marco scende dal letto ogni mattina come dalla scaletta di un'astronave. Ad ogni passo sul suolo alieno copre distanze interplanetarie. L'inerzia lo aiuta ad avanzare. Non finisce mai di sorprendersi, per la sua capacità di respirare. Davanti a un giorno senza tempo. Per compagnia i gemiti di chi l'ha preceduto. Marco si ritrae. Confonde le ombre della notte con suoni di feste alcolizzate, i profumi esotici, orge di ricordi altrui. Pensieri che non dicono più niente. Ci fosse qualcuno a chi dire basta. Alzare le braccia, arrendersi o morire. Trovasse almeno una parola da sparare al cuore. Un blues, una samba di radice da svenire. Una storia d'amore finita bene. Marco respira, per attingere incolume il calare della sera. Nel silenzio formicante di puntini, s’insinua il pianto di un bambino. Dolcezza amara, immagini che si addensano nel cielo. Goccioloni di pioggia passeggera cadono sulla paura del futuro. Evaporizzati sul presente. Fino alla fine, fino alla fine della luce. Prima di andare a letto ogni sera, Marco stacca le foto di famiglia appese al muro.
Cesare Battisti



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Una domenica da cani

Version Française ICI<-.

Si è messo addosso tutto quello che poteva per togliersi il freddo dalle ossa. Eppure fuori la giornata è di sole. E poi il clima da queste parti non può essere così ameno. Sono i nervi. La mancanza di calorie è un improvviso sentimento d'abbandono, a farsi intirizzire. Ma se vuole continuare a crederci, a resistere alla fame, deve prendersela con il tempo. Lo scombussolamento del pianeta che ha attinto la Calabria. Non sarebbe poi così avventato dare la colpa alla calotta fondente alla deriva. Giusto prima di cominciare a battere i denti, stava leggendo la lettera enciclica. Gliela ha mandata un'amica sua suora di clausura - tanto per rimanere nell'ambiente. E’ elogiabile e terrificante allo stesso tempo, come il Papa azzecca tutti i mali del pianeta. Il dito sulla piaga, senza appello. Ma Francesco il buono col suo freddo non c'entra niente. Gli spifferi gelati non vengono dall'esterno. Neanche dal cuore, quello è in buone mani. Ma dallo stomaco che, vuoto da venerdì mattina, gli si attorciglia sotto le coperte. Non fraintendere, neanche a Guantanamo Calabro si lasciano morire di fame i prigionieri. La colpa è sua, si è messo a digiuno per evitare guai.
E’ successo tutto così in fretta. Doveva essere un inizio di giornata come tutti gli altri, nel reparto isolamento.
Qualcosa è andato storto.
Si è chiesto tante volte, con tutto il tempo di cui dispone, che bisogno ha il galeotto di coltivare maniacalmente le abitudini: ogni cosa al suo maledetto posticino - ogni movimento studiato al millimetro. Come se la cella fosse teca e noi opere preziose.
L'ora d'aria nella “scatola di stivali” come la chiama l'albanese d'oltre muro, è alle 8,30. La doccia, dopo, per togliere gli umori del passaggio del passeggio solitario. Fra questi due avvenimenti portanti, una miriade di gesti e riflessioni scanditi da algoritmi interiori. Per quanto si ostinasse a rispettare il programma stabilito, il venerdì mattina gli sfuggiva. Prima ancora di scendere dal letto, sembrava che la mente e le cose si fossero stancate di stare insieme. Cercava di non pensarci. Nonostante lo scombussolamento, se ne andò all'aria con quella quasi allegra agitazione che gli prende sempre quando c'è qualcosa che non quadra.
Il sesto senso del galeotto non ha nulla di soprannaturale. Ripensandoci a posteriori, si scoprono un sacco di dettagli che non vediamo nella vita giornaliera, ma che non sfuggono alla bestia braccata. E deve essere andata in questo modo anche venerdì mattina. Infatti, trovò del tutto normale che gli chiamassero per l'infermeria, senza mascherina. Non si sorprese più di tanto quando, da dietro un angolo di corridoio, gli balzarono addosso un manipolo di agenti guidati dal loro leader naturale. Impossibile discutere, ancor meno opporre resistenza. Non avrebbero neanche avuto bisogno di tanta messinscena per portarlo nel loro girone ISIS. Ve lo immaginate il sottoscritto far fronte a tanta forza dissuasiva?
L’AS2-ISIS è proprio come glielo avevano descritto: una specie di lugubre cassaforte nel complesso di Rossano. Ovviamente qui i penitenti non hanno diritto nemmeno alle solite mattonelle. Il cemento grezzo che regna sovrano è quello che più colpisce all'entrata. L'unica resistenza, ben passiva, l'ha opposta quando volevano che entrasse in una cella che merita qualche impressione. Dalla punizione al castigo. Non osava toccare il letto o lo sgabello, tanta era la sporcizia accumulata. si affacciò al gabinetto.... e cominciò a urlare.

Oggi è domenica 18 ottobre e non ha idea di come uscire questo scritto. Sono appena le 10:30 e oltre il blindato qualcuno ha già gridato “il praaanzo!” in arabo supponga, e sarà tutto fino a lunedì mattina. A Guantanamo Calabro la domenica non si cena. Sul serio! Pranzo cena e pane sono le tre parole che ha imparato a riconoscere. A lui il lavorante non chiede, sa che rifiute il cibo sin dall'arrivo. Il capo posto gli ha chiesto se è in sciopero della fame. Ha risposto che non ha appetito, per non dire che non si fide.
Gli è stato dato da leggere e da scrivere, con parsimonia. Alla televisione, con qualche indecenza di canale, ha preferito la sua radiolina. Si urla anche, e allora il volume della tele sale, è quando c'è un attentato. Finora è riuscito ad evitare di uscire dalla cella, Ma c'è di mezzo sabato e domenica. Per qualche colpo basso, bisogna aspettare lunedì mattina. Nel 1981, si toccò un breve periodo del famigerato articolo 90 a Fossombrone. Ripensandoci da qui, non era poi così male.

Cesare Battisti



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Texte original en italien à retrouver -> ICI <-

Un dimanche de chien



Il s'est mis sur le dos tout ce qui était susceptible de lui retirer le froid des os.
Pourtant dehors, c’est une journée ensoleillée. Et puis le climat, par ici, ne peut pas être si frais. Ce sont les nerfs.
Le manque de calories est un sentiment soudain d'abandon, jusqu’à l’engourdissement.
Mais s'il veut continuer à y croire, à résister à la faim, il doit prendre son mal en patience.

Le bouleversement de la planète qui a atteint la Calabre. Il ne serait pas si irréfléchi d’en blâmer la banquise à la dérive.

Juste avant de commencer à claquer des dents, il lisait cette lettre encyclique. Une amie, sœur recluse, la lui a envoyée - juste pour poser l'ambiance. C'est à la fois louable et terrifiant, comme le pape elle endosse tous les maux de la planète. Le doigt sur le fléau, sans appel.
Mais François le bon n’a rien à voir avec son froid à lui. Les courants d'air gelés ne viennent pas de l'extérieur. Ni du cœur, qui est entre de bonnes mains. Mais de son estomac qui, vide depuis vendredi matin, se tord sous les couvertures.
Ne vous méprenez pas, même à Guantanamo Calabro, on ne laisse pas les prisonniers mourir de faim. Le responsable, c’est lui. Il a jeûné pour éviter les ennuis.

Tout s'est passé si vite. C'était censé être un début de journée comme tous les autres dans le quartier d'isolement.
Quelque chose est allé de travers.

Souvent il s'est demandé, avec tout le temps dont il dispose, quel besoin a le condamné de cultiver avec obsession ses habitudes : chaque chose à sa maudite petite place - chaque mouvement étudié au millimètre près.
Comme si la cellule était un sanctuaire et eux des œuvres précieuses.

L'heure de la promenade dans la "boîte à bottes", comme l'appelle l'Albanais d’outre-mur, est à 8h30. La douche, ensuite, pour enlever les humeurs de la promenade solitaire. Entre ces deux événements principaux, une myriade de gestes et de réflexions rythmés par des algorithmes internes.
Mais pour autant qu'il s’obstine à respecter le programme établi, le vendredi matin échappait à son contrôle. Avant même qu'il ne sorte du lit, il semblait que son esprit et les choses étaient fatiguées d'être ensemble. Il essayait de ne pas y penser. Malgré le bouleversement, il allait à la promenade avec cette agitation presque joyeuse qui le prend toujours quand quelque chose cloche.
Le sixième sens du condamné n'a rien de surnaturel. En y repensant à posteriori, on découvre un tas de détails que l'on ne voit pas dans la vie de tous les jours, mais qui n'échappent pas à la bête traquée. Et il devait en être de même ce vendredi matin. De fait, il trouva tout à fait normal qu'ils l'appellent à l'infirmerie sans son masque. Il ne s'étonna pas plus que ça quand au détour d’un couloir une poignée d'officiers, menés par leur chef de file, se jeta sur lui. Impossible de discuter avec, et encore moins de résister. Une telle mise en scène n'était pas nécéssaire pour l’emmener dans leur section ISIS. Pouvez-vous imaginer "le soussigné" faire face à une telle force de dissuasion ?

L'AS2-ISIS est exactement comme ils le lui avaient décrit : une sorte de coffre-fort lugubre dans le complexe de Rossano. Bien sûr, les pénitents ici n'ont même pas droit au dallage habituel. Le ciment brut qui règne en maître est ce qui frappe le plus à l'entrée.
La seule résistance, bien passive, il l'a opposée quand ils ont voulu le faire entrer dans une cellule qui mérite l'impression qu'elle fait. De la punition au châtiment. Il n'osait pas toucher le lit ou le tabouret tant la saleté y était accumulée. Il regarda les toilettes.... et commença à hurler.

Nous sommes aujourd'hui dimanche 18 octobre et il n'a aucune idée de la manière dont on peut faire sortir cet écrit.
Il est à peine 10h30 et au-delà du blindage, quelqu'un a déjà crié "il praaanzo !" en arabe, suppose-t'il, et puis ce sera tout jusqu'à lundi matin. À Guantanamo Calabro, il n'y a pas de dîner le dimanche. Sans rire ! Déjeuner, dîner et pain sont les trois mots qu'il a appris à reconnaître. Le chargé de service ne lui demande pas, il sait qu'il refuse la nourriture dès qu’elle arrive.
Le chef de section lui a demandé s'il est en grève de la faim. Il a répondu qu'il n'a pas d'appétit, pour ne pas dire qu'il n’a pas confiance.

On lui a donné de quoi lire et écrire, avec parcimonie. À la télévision et ses chaînes indécentes, il a préféré sa petite radio.

Ça hurle, aussi, et alors le volume de la télévision monte, ça c'est quand il y a un attentat.

Jusqu'à présent, il a réussi à éviter de sortir de sa cellule, mais c'est le week-end. Pour quelque coup bas, il faut attendre lundi matin. En 1981, il avait eu droit, pendant une courte période, au tristement célèbre article 90 à Fossombrone.
En y repensant, vu d’ici, ce n'était finalement pas si mal.

Cesare Battisti



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Texte original en italien à la suite.

Dédicace

À Domenico, l'amour éternel




C'EST DIEU

La vérité aveugle les yeux de l'esprit.
L'indifférence compte les battements du cœur. Elle traverse le temps privé de gares. Un train à arrêter du doigt.
Reviennent, chamboulées, les dernières pensées.
Marco exulte. Il lui reste un quintal de paracetamol à jouer. Pour revisiter le souvenir des deux compères, et la bouteille de vin.
Quand, dans la pièce d'à côté, il naissait, lui, l’enfant.

Ils frappent à la porte. C'est Dieu.






Rossano
31/10/2020
Cesare Battisti



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E’ DIO

a Domenico l’amore eterno




La verità acceca gli occhi della mente. L’indifferenza conta i battiti del cuore. Sfreccia il tempo privo di stazioni. Un treno da fermare con il dito. Tornano sconvolti gli ultimi pensieri.
Marco esulta. Gli resta da giocare un quintale di tachipirina. Per ripassare il ricordo dei due compari, e il fiasco di vino.
Quando nella stanza accanto nasceva lui bambino.
Bussano alla porta.
E’ Dio.


Rossano
31/10/2020
Cesare Battisti



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L'alito pesante della Storia

Version Française ICI<-.



Intento a mettere in riga un pensiero ozioso,
Marco non si accorge dello scricchiolio.
E’ una parola incagliata in gola,
o lo spiegarsi di ole rattrappite.
Una eco di lingua sconosciuta,
inventata da un vecchio appena nato.
Dice di passi di velluto,
su fogli insanguinati dalla preda.


Marco non sa ma affina,
il sentimento che lo tiene in apnea.
Aprire gli occhi per non vedere niente,
o sentire i fiori con perle di rugiada.


Come fossero promesse di vittoria,
strappate all'ignoranza del passato.
Con la fragilità dei presupposti,
e gli abusi delle conclusioni.
Pagine imbrattate dalla revisione,
è l'alito pesante della storia.
Lo scricchiolio di scarpe verniciate,
il sangue che gela il sognatore.
Se avesse saputo quanto basso volano gli angeli,
Marco si sarebbe risparmiato il suo assalto al cielo.
Si sarebbe risparmiato,
un pensiero ozioso.



Rossano 31/10/2020 Cesare Battisti



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Texte original en italien à retrouver -> ICI <-

L'haleine pesante de l'histoire





S’efforçant de mettre au jour une pensée oisive,
Marco ne remarque pas les grincements.
C'est un mot qui lui reste encollé dans la gorge,
ou s’explique par une “Ola” recroquevillée
Un écho de langue inconnue,
inventé par un vieil homme à peine né.
Il dit des pas de velours,
sur les feuilles ensanglantées de la proie.
Marco ne sait pas mais il affine,
le sentiment qui le maintient en apnée.
Ouvrir les yeux pour ne rien voir,
ou sentir les fleurs perlées de rosée.
Comme s'il s'agissait de promesses de victoire,
arraché à l'ignorance du passé.
Avec la fragilité des hypothèses,
et l'abus des conclusions.
Des pages souillées par la révision,
c’est l’haleine pesante de l'histoire.
Le grincement des chaussures vernies,
le sang qui fige le rêveur.
S'il avait su à quel point les anges volent bas,
Marco se serait épargné son assaut au ciel.
Il se serait épargné,
une pensée oisive.



Cesare Battisti
Rossano 31/10/2020


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Poème.

Mes ami.e.s


Traduction faite par 1mot2Cesare. (Le texte original suit juste après)

Merci, si vous êtes en mesure de le faire, de vérifier cette traduction, ou de la prendre avec précaution dans le cas contraire. En effet, la maxime selon laquelle "traduire est toujours un peu trahir", outre les faux frères fréquents entre l'italien et le français, prend d'autant plus de sens dans une situation comme celle que Cesare vit actuellement.



Mes ami.e.s



Doucement glisse la pluie
qui murmure le chant de la mélancolie.
Vienne la conque de la tristesse
adoucir les pensées obtuses.
vienne le silence vertigineux
déceler le tumulte de respiration.
venez mes ami.e.s
avant que le temps ne se taise à nouveau.
Ébrouez-vous comme le chien
qui d’instinct fait battre sa queue.
Venez nuées d’insectes saturés de valeur
qui ont cessé de produire des biens.
Frottez vous les mains avec vigueur
vous libérant des dernières sueurs.
nous verrons des nuits nées d'aurores timides
où les certitudes sont des pierres à jeter.
nous verrons les ombres interagir
pendant que l'homme tout entier regarde.
nous verrons ce que le coeur a à dire...
à ceux qui ne croient plus au mécontentement.
il y aura des visages qui se tairons
et beaucoup de linge sale à laver.
il y aura d'autres vies à inventer
et tout autant à remplacer.
venez mes ami.e.s
Pleurons ceux qui n’y sont pas.

Cesare Battisti - Novembre/Décembre 2020









Amici miei - Amiche mie





vien sommessa la pioggia
a mormorare il canto della malinconia.
venga la conchiglia di tristezza
ad addolcire i pensieri ottusi.
venga il silenzio vertiginoso
a rilevare il tumulto del respiro.
venite amici miei
prima che il tempo muti ancora.
scrollatevi di dosso come il cane
il buonsenso dello scodinzolare.
venite gli insetti stufi di valore
che hanno smesso di produrre beni.
sfregatevi le mani con vigore
liberandovi dell’ultimo sudore.
vedremo notti nascere da timide aurore
dove le certezze sono sassi da lanciare.
vedremo ombre interagire
mentre l’uomo intero sta a guardare.
vedremo che avra’ da dire il cuore
a chi non crede piu’ al dispiacere.
ci saranno facce ammutolite
e tanti panni sporchi da lavare.
ci saranno altre vite da inventare
e altrettante da sostuire.
venite amici miei
rimpiangiamo quelli che non ci sono.

Cesare Battisti
Rossano,
Novembre - Dicembre 2020.





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Poème.

Inconscience


Traduction faite par 1mot2Cesare. (Le texte original suit juste après)

Merci, si vous êtes en mesure de le faire, de vérifier cette traduction, ou de la prendre avec précaution dans le cas contraire. En effet, la maxime selon laquelle "traduire est toujours un peu trahir", outre les faux frères fréquents entre l'italien et le français, prend d'autant plus de sens dans une situation comme celle que Cesare vit actuellement.



Inconscience




Un goût sculpté dans le palais
De noisette, persistant.
Le sourire sur une bouche jamais embrassée,
ainsi l'âme rebelle de l'enfant.
Incursions érotiques indisciplinées,
dans le temps violé par le plaisir.
Des noms dégoulinants de poison,
le cœur incontinent du pardon.
De nouvelles émotions à explorer,
poursuite de couchers de soleil sans fin.
Des doutes écrasés par le Dieu nié,
freinant sur le fil du rasoir.
Et comme s'il n'y avait plus de raison,
à broder le monde d’un fil de salive,
se fondre en Marco dans la dernière douceur,
le frisson éternel de la jouissance.


Cesare Battisti - Décembre 2020









Incoscienza




Sapore intagliato nel palato
di nocciola trattenuto.
Il sorriso su una bocca mai baciata,
così l'animo ribelle del bambino.
Indisciplinate incursioni erotiche,
nel tempo stuprato dal piacere.
Nomi gocciolanti di veleno,
il cuore incontinente di perdono.
Nuove emozioni da esplorare,
rincorso da tramonti senza fine.
Dubbi sgominati dal Dio negato,
frenando sul filo del rasoio.
E come se non ci fosse più ragione,
a ricamare il mondo con filo di saliva,
fondersi Marco nell'ultimo confetto,
il brivido eterno del godere.

Cesare Battisti
Rossano,
Dicembre 2020.





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Poème.

La nuit tombe


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La nuit tombe




La nuit tombe
En parcourant un jour les rues du centre-ville, Marco se heurte à un parapluie ouvert. S'excuser, c'est ce qu'il s'apprête à faire. Derrière la toile, une voix dit qu’il n'est plus temps. Des chaussures roses, les chevilles fines. Le parapluie tourne, cachant le visage, il brouille l'atmosphère. Sa langue est la paix, son souffle est profond. Marco se tait, recule d’un pas. Ce n'est pas le jour, ni même l'heure. Tu es venu pour dire au revoir, ponctue la voix, mais tu as laissé les mots derrière toi. Ne sois pas impressionné, regarde, tout cela n'a pas de cœur. Seulement des coins de rue, des trous dans lesquels tomber, des prophéties sans amour. La ville est brumeuse en pensée, son soleil désoriente les cigales. C'est la complainte des mondes, musique fatale. Je suis la terre sous vos pieds, je porte le parapluie protecteur. Je suis le nouvel accueil. Je suis le nard, ton dernier parfum. Le sillon est ouvert, les graines tombent. Pas même le soleil ne trompe les saisons. Pourchassé par l'illusoire liberté de choix, tu erres dans les rues du centre-ville à ma recherche. Tu as trouvé le sommeil qui rallumera ton coeur.
Noir le parapluie tourne, étend à perte de vue la nuit sur la terre.




Cesare Battisti - Janvier/février 2021









La notte gira



Andando un giorno per le vie del centro, Marco si scontra con un ombrello aperto. Chiedere scusa è quanto si appresta a fare. Dietro il sipario, dice una voce che non è più l'ora. Ha scarpe rosa, le caviglie fine. Ruota l'ombrello, nascondendo il volto, confonde il clima. La sua lingua è pace, il respiro fondo. Marco tace, fa un passo indietro. Non è quello il giorno, nemmeno l'ora. Tu sei venuto a dire addio, scandisce la voce, ma hai lasciato indietro le parole. Non lasciarti impressionare, guarda, tutto questo non ha cuore. Solo angoli di strada, tombini in cui cadere, profezie senza amore. La città è nebbia nel pensiero, il suo sole disorienta le cicale. E’ il pianto dei mondi, musica fatale. Io sono la tua terra sotto i piedi, porto l’ombrello protettore. Sono la fresca accoglienza. Sono nardo, l'ultimo tuo profumo. Il solco è aperto, cadono i semi. Neanche il sole inganna le stagioni. Perseguitato dall’illusoria libertà di scelta, vaghi per le vie del centro alla mia ricerca. Hai trovato il sonno che riaccenderà il tuo cuore.
Nero l'ombrello gira, spande vasta la notte sulla terra.

Cesare Battisti
Rossano,
Janvier/février 2021.





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Cassons une plume


Le dernier livre de Cesare Battisti publié est "Indio" et dans le court écrit qui suit, l'auteur réfléchit au sens et aux difficultés de l'écriture et se demande comment il est possible que son livre, une histoire réécrite de la conquête du Brésil, puisse être, comme cela a pu être écrit dans la presse "une insulte qui éveille la douleur des victimes".

Traduction faite par 1mot2Cesare. (Le texte original suit juste après)

Merci, si vous êtes en mesure de le faire, de vérifier cette traduction, ou de la prendre avec précaution dans le cas contraire. En effet, la maxime selon laquelle "traduire est toujours un peu trahir", outre les faux frères fréquents entre l'italien et le français, prend d'autant plus de sens dans une situation comme celle que Cesare vit actuellement.



Cassons une plume




Écrire, c'est s’examiner avec recul, pour découvrir la myriade de fils qui nous lient à chaque instant tombé sur le chemin. Il est donc effrayant de prendre un stylo et d'observer la fragilité de l'équilibre. C'est lorsque l'armure tombe que les ennemis en carton disparaissent. Et l'écrivain reste seul, dans le silence absolu. Un claquement de doigts fait sauter le cœur dans la gorge ; une feuille qui voltige est une caresse pour l'âme. Des sensations d'une clarté extrême, fortes à en mourir. Le chemin de toute personne qui écrit est jonché de corps. On meurt en cours de route. S'asseoir et écrire, c'est sauter dans un train pour partir au front. Seuls les ignorants confondent excitation et enthousiasme. L'écrivain qui part sait que plus que l'arrivée, il doit craindre le retour. Sa guerre est dépourvue de ligne de front, ni coups de canon, ni déflagration de mots. Il s'accroche aux fils incandescents, se brûle la peau. Abattu d’une rafale de pensées. C'est un soldat, gloire à lui. Il aura une sépulture digne et un nom de rue. L'histoire est reconnaissante à ceux qui la servent. Celui qui écrit se risque à tomber sur les lettres d’or. S'il cesse d'écrire, il finira parmi les perdus, "hic jacet". Pour ceux qui doivent écrire, mais ne peuvent plus le faire, il y a le cercle des damnés. Un lieu incompréhensible, même pour les responsables. Ici sont consignées toutes les phrases boiteuses de l'Histoire, les pensées non concluantes, les idées étouffées dans l'œuf. Ici, un stylo est cassé à chaque nouvel ajout. Et certaines se font attendre 40 ans.
C’est un article de journal qui a sanctionné mon entrée dans le cercle. Républicain et garant, bien sûr. On pouvait y lire ces mots : "La publication de son livre est une insulte -pauvre Torquemade - qui réveille la douleur des victimes".
Il s'agit de l'édition française de "Indio". Je me souviens encore de mon désarroi à essayer de comprendre à qui l'auteur de ce livre aurait manqué de respect en romançant une autre histoire de la conquête du Brésil en 1494. Un éventuel manque de respect pour les Belles-Lettres exacerbant la douleur, pourtant légitime, des proches des disparus ? Un correspondant de guerre ou un critique littéraire ? Un banal article de journal, une phrase jetée par quelqu'un qui n'a pas le temps d'écouter le bruit des feuilles. Des considérations si pénibles qu'elles me poussent à me demander s'il existe un moyen pour moi, qui ne peut m'empêcher d'écrire, de le faire sans pour autant piétiner les déchus. Et sans insulter l'histoire. Nous sommes d’étranges phénomènes.
Depuis lors, chaque fois que je prends un stylo, au lieu de m'offrir à l'instant qui fait vivre, peut-être en échange d'une émotion, je pointe mes pieds pour ne pas suivre le battement des tambours de guerre. Non plus la nôtre, inutilement combattue au nom d'une idée, mais une tout’ autre que certains s'obstinent à rendre infinie.
Il existe encore dans notre monde des clans et des tribus qui n'existent qu'en fonction d'une guerre à mener. C'est l'affrontement avec l'ennemi qui les fait coexister, qui réaffirme leur identité perdue, et vice versa. Qu’on abaisse leurs armes, qu’on coupe leurs barbelés, et il ne leur reste plus que le risque de tomber entre deux lignes de pensée en caractères dorés. Ou bien briser un stylo dans le cercle des damnés.






Cesare Battisti - Février/Mars 2021








L’ultimo libro di Cesare Battisti pubblicato è «Indio» e in questo breve scritto l’autore riflette sul senso e le difficoltà della scrittura e si chiede di come sia possibile che quel suo libro, una storia riscritta della conquista del Brasile, possa essere « un insulto che risveglia il dolore delle vittime ».

SPEZZIAMO UNA PENNA



Scrivere è guardarsi a giusta distanza, tanto da scoprire la miriade di fili che ci legano ad ogni istante che cade sul cammino. Fa perciò paura prendere una penna e mettersi ad osservare la fragilità dell'equilibrio. E’ quando cade la corazza che svaniscono i nemici di cartone. E lo scrivente resta solo, nell'assenza di rumore. A uno schioccar di dita salta il cuore in gola; il volteggiar di foglia è una carezza all'anima. Sensazioni di estrema chiarezza, tanto forti da morire. Il cammino di chi scrive è pieno di caduti. Si muore, andando. Sedersi a scrivere è balzar su un treno per il fronte. Solo gli ignari confondono l'agitazione con l'entusiasmo. Lo scrivente che parte sa che più dell'arrivo ha da temere il ritorno. La sua è una guerra senza linea di fronte, niente colpi di cannone, né deflagrazioni di parole. Egli si aggrappa ai fili incandescenti, brucia la sua pelle. Abbattuto da una raffica di pensieri. E’ soldato, gli sia data gloria. Avrà una degna sepoltura e il nome di una via. La storia è riconoscente con chi la sa servire. Colui che scrive rischia di cadere sulle lettere dorate. Se smette di farlo finisce tra i dispersi, “hic jacet”. Per chi invece deve scrivere, ma non può più farlo, c'è il girone dei dannati. Un luogo incomprensibile perfino agli addetti. Sono qui ristrette tutte le frasi zoppe della Storia, i pensieri inconclusi, le idee stroncate sul nascere. Qui si spezza una penna ad ogni nuovo aggiunto. E c'è chi si fa aspettare 40 anni.
A sancire il mio ingresso nel girone è stato un articolo di giornale. Repubblicano e garantista, è ovvio. Si leggevano queste parole: “la pubblicazione del suo libro è un insulto -povero Torquemada- che risveglia il dolore delle vittime”.
Si tratta dell'edizione in francese di “Indio”. Ricordo ancora lo sgomento al tentare di capire a chi avrebbe mancato di rispetto l'autore di quel libro al romanzare una diversa storia della Conquista del Brasile nel lontano 1494. Un possibile sfregio alle belle lettere, tanto da acutizzare il pur legittimo dolore dei parenti dei caduti? Un corrispondente di guerra o un critico letterario? Un banale articolo di giornale, una frase buttata lì da chi non ha tempo di ascoltare il rumore delle foglie. Considerazione tanto sgradevole da farmi chiedere se esiste anche per me, che non posso impedirmi di scrivere, un modo di farlo senza però calpestare i caduti. Né insultare la Storia. Siamo fatti strani. Da allora, ogni volta che prendo una la penna, invece di offrirmi all'istante che ci intrattiene, magari in cambio di un'emozione, punto i piedi per non seguire il rumore dei tamburi di guerra. Non più la nostra, quella inutilmente combattuta in nome di un'idea, ma un'altra che alcuni si ostinano a rendere infinita.
Ci sono ancora in questo nostro mondo, clan e tribù che esistono solo in funzione di una guerra da combattere. E’ lo scontro col nemico che li fa coesistere, riafferma la loro identità perduta, e viceversa. Abbassiamogli le armi, tagliamogli i fili spinati, e non resta più loro che il rischio di cadere tra due linee di pensiero a caratteri dorati. O spezzare una penna nel girone dei dannati.

Cesare Battisti
Rossano,
Février/Mars 2021.





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Il ne fait pas l'Histoire



Traduction faite par 1mot2Cesare. (Le texte original suit juste après)

Merci, si vous êtes en mesure de le faire, de vérifier cette traduction, ou de la prendre avec précaution dans le cas contraire. En effet, la maxime selon laquelle "traduire est toujours un peu trahir", outre les faux frères fréquents entre l'italien et le français, prend d'autant plus de sens dans une situation comme celle que Cesare vit actuellement.



Il ne fait pas l'Histoire




La volonté d’y voir clair
L'obligation de se demander où j’en suis.
regard incrédule de qui a généré
quelque chose qui s'est perdu en route
avoir pris une vague hostile
brûlé des ponts non encore érigés.
Forcenés nourrissant le désir
et la maladie qui donne voix à la raison.
Hommes. Femmes lassées d'obéir.
La horde aveugle la splendeur
d’inoffensives promesses culturelles.
Rouges flamands, arts passionnels
Mao-Dada, opérette des miracles.
La colère, valeureuse intolérance
la seule issue, étroite, pour les assoiffés d'avenir.
Une saison qui ne veut plus finir
attise la haine de l'État prédateur.
Exploration érotique des paradoxes
défilés de deuils hors d’age.
Années 70 qui jamais ne finissent.
Les enfants te transforment en adulte
les chasseurs te prennent pour proie.
Les rêves portent la croix
les plaisirs lèchent les barreaux.
Mourir à la guerre dans un pays en paix
Inévitables années de stupeur
Pour tant d'Histoire, un seul mot, Soixante-dix.
Allons les enfants... d'aujourd'huì.

Cesare Battisti - Février/Mars 2021








Non fa Storia




La volontà di vederci chiaro
l'obbligo di chiedersi dove sono.
Sguardo incredulo di chi ha generato
qualcosa è sfuggito nel cammino.
L'aver preso un’onda ostile
bruciato ponti non ancora tesi.
Forsennati alimentando il desiderio
e il morbo che dà voce alla ragione.
Uomini. Donne stufe di obbedire.
Il mucchio acceca lo splendore
di innocue promesse culturali.
Rosse fiammingo, arti passinali
Mao-Dada, operetta dei miracoli.
La rabbia, insofferenza brava
strettoie per assetati di futuro.
Stagione che non vuole più finire
attizza l'odio lo Stato predatore.
Esplorazione erotica dei paradossi
sfilate di lutti fuori moda.
Anni 70 che non finite mai.
I bambini ti trasformano in adulto
i cacciatori ti confondono con la preda.
I sogni che portano la croce
i piaceri che lambiscono le sbarre.
Morire in guerra in un paese in pace
inevitabili anni di stupore.
Settanta, una parola sola per tanta Storia.
Allons les enfants… d’aujourd’huì.

Cesare Battisti
Rossano,
Mars 2021.





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