La théorie des changements, ou quand la psychologie sociale vient à la rescousse des militants... (partie 1)

La théorie des changements, ou quand la psychologie sociale vient à la resc... La thorie des changements, ou quand la psychologie sociale vient la rescousse des militants... (partie 1)
par Alphonsine Chasteboeuf.

R頩sum a-maxima des lettres de Nature Humaine: www.nature-humaine.fr

NATURE HUMAINE RESUME

LETTRE 1 : ECOLOGIE, LES MOTEURS DE L'ACTION

1. INTRODUCTION

Plus les mdias parlent de d驩gradations environnementales, et plus nous sommes confronts notre difficult頩 de passer l'action.
Sentiment d'tre submerg઩ face l'ampleur d'une crise mondiale de laquelle on ne peut pas fuir.
Cette angoisse de la submersion devient monnaie courante. Entre le stimulus et le passage concret l'action, il y a la nࠩcessit de prendre la dcision d'agir.

--> le passage 驠 l'acte ne se fait pas automatiquement.

Beaucoup d'lments vont faire la diff驩rence, et principalement celui de trouver un moteur suffisant pour dclencher l'action, puis la prenniser.


2. LES MOTEURS DE L'ACTION : D驉CLENCHER ET PERENNISER L'ACTION


La perrenit de l'action dpend beaucoup du type de motivation 驠 l'origine de l'action : tous les moteurs ne sont pas bons prendre.
Certains moteurs exigent un changement de vision globale.


3. LES EMOTIONS ET MECANISMES QUI NOUS FONT AGIR POUR LA PLANETE

L'agir est inhrent ੠ la nature humaine. C'est de ne pas agir qui est difficile pour l'homme. Les hommes politiques se trompent souvent l-dessus.
L'tat ੩cologique et humain du monde suscitent en nous des motions. Et ces motions nous font bouger. Elles sont un bon point de d驩part.
Parfois aussi nous agissons par devoir ou par intrt.
Mais ces moteurs sont souvent insuffisants, et sont m骪me aussi parfois source d'chec.
Car agir exige aussi une vraie rflexion, de la maturit驩, de l'organisation, du temps, une aptitude changer, se poser pour rࠩflchir. Toutes choses que certaines motions ne permettent pas.

a) L'indignation consensuelle ou l'art de pleurer sans bouger

ex dans les colloques : 驫 c'est terrible ce qui se passe ; ۫ ya qu' faire ci ou a ৻ ; c'est la faute aux pollueurs ˻.
Mais ceci est inutile car une fois rentrs chez eux, peu de gens vont passer l'action, car :
Cela renvoie 頠 l'impuissance de rsoudre les problmes 騩noncs, sources d'inaction.
L'indignation place la personne dans une dichotomie : nous sommes victimes des m髩chants . Or, le passage ۠ l'action exige de se rapproprier sa part de responsabilits.

b) Agir par sentiment d'injustice


Attention, la notion m驪me d'injustice renvoie des l੩ments objectifs ou subjectifs, variant selon des points de repre sociaux, juridiques, culturels, historiques, scientifiques, eux-mmes mouvants.
Ex des OGM : m說me dans une dmocratie, il est difficile de reconnatre qu'un choix politique n'a pas 鮩t objectif

--> ncessit驩 d'avoir une vision la plus objective possible de la situation et sur notre capacit d'action et sa limite.
Sus aux justiciers : certains pensent qu'il est ncessaire de se transformer en justiciers, quitte 驠 maltraiter au passage leurs collaborateurs.


c) Le besoin de changer le monde

Attention au fait de vouloir changer les autres sans changer nous-mmes. Car cela nous semble curieusement plus accessible. le problꫨme, c'est les autres . Or, changer les autres est une mission impossible, sauf ۠ utiliser la contrainte.

... mais changer les autres est puisant

... car c'est impossible. Alors, mieux vaut renoncer et librer l'驩nergie pour s'investir un niveau beaucoup plus accessible : le ntre.
... et augmente les rഩsistances au changement
Plus ma volont de changer l'autre est importante, plus j'augmente sa rsistance au changement, surtout si le changement propos驩 n'est pas compatible avec la vision du monde de l'autre : toute proposition sera alors automatiquement rejete.

--> avant de vouloir changer les autres, dj驠 se demander si notre discours est la hauteur de nos actes.

--> se changer soi-mme et essayer d'પtre cohrent avant de vouloir changer les autres.


d) Agir par colre, oui....

La col騨re est habituellement dclenche par ce qui est ressenti comme une injustice, une frustration, une perte.
Elle appara驮t lorsqu'un obstacle s'oppose notre satisfaction.
Elle sert maintenir notre intࠩgrit physique ou psychique quand quelqu'un envahit notre territoire, notre intgrit驩, nos valeurs. Elle a donc son utilit.

... mais piti pour les autres...

La col驨re peut tre saine et utilise comme une mise en route, mais si on reste pris dedans, elle peut nous desservir car elle nous fait perdre sang froid et raison.
On peut mꩪme en devenir dictatorial : j'ai raison contre vous ˻

... et attention son effet contre-productif

Car la colre peut nous empਪcher d'agir concrtement, si on ragit syst詩matiquement tout nouveau sujet d'actualit. On sera alors vite d੩bord, empchant l'action de fond.

Elle doit donc 骪tre contrebalance par la raison.


e) la peur de la fin du monde et de la souffrance fait-elle agir ?

La peur est une tension anormale rsultant d'un danger mal d驩termin.
Ceux qui agissent par peur du danger venir sont ceux qui ont le plus conscience des cons頩quences prsentes et futures de la crise.
La peur peut donc avoir une vertu pdagogique positive.
Mais elle peut aussi 驪tre trs anxiogne et d訩boucher sur la dpression individuelle ou collective.


La peur ne permet pas de changer
Elle ne permet pas d'oprer les changements fondamentaux (ex notre rapport au temps, 驠 la nourriture, l'eau) si on reste uniquement dans le registre de la peur ou de l'angoisse.
L'humanit ne peut trouver suffisamment de motivation dans sa survie uniquement. Il faut aussi animer le d੩sir.

--> il s'agit de transmettre une ide forte de l'ordre du dsir, de l'esp驩rance. Sinon, la peur de la mort devient la peur de la vie, et on ne vit plus que dans l'angoisse.


f) Les motivations l'action de la modernit


la soci੩t moderne a choisi de se laisser enfermer dans 3 types de motivations l'action : raison, devoir et int頩rt conomique. Et l'ꩩcologie n'y chappe pas.

1 Agir par raison

Il serait raisonnable d'agir, et les causes les plus apparentes de la crise 鰩cologique sont rationnelles. Il serait donc ais et tentant d'en connatre les rem鮨des.
Mais plus profondment, les origines de ces causes directes sont surtout irrationnelles. Ex : notre relation la nature est devenue quasi inexistante, au point qu'on a totalement perdu de vue notre interd頩pendance vitale.

--> c'est pourquoi la raison ne peut suffire.





2 Agir par intЩrt conomique

Prꩩsenter un co-geste uniquement dans une perspective conomique, c'est r驩duire l'cologie une vision de gestionnaire, 頠 la vider de sa dimension humaine et vitale, qui habite ˻ le geste cologique et lui donne tout son sens.


3 Agir par devoir

Dans l'action par devoir, il y a adh鰩sion ce qu'il serait bien de faire, en fonction de critres moraux, sociaux, culturels, religieux, etc.
On se r਩fre alors une pens蠩e extrieure en la faisant ntre, sans 鴩couter l'entiret de la situation. --> l'action par devoir ne tient souvent pas compte de l'objet de son attention.
Pour sortir du devoir, l'action plus consciente doit 詪tre recherche. Et la conscience n'est pas qu'intellectuelle, elle est aussi motionnelle et sensorielle.


g) Du n驩cessaire quilibre entre motion et compr驩hension

Le militant rationnel n'existe pas. Il agit parce qu'il est touch par la situation. --> le premier message reu est de type 駩motionnel (colre, indignation, coup de coeur). Ensuite, il faut arriver transformer cette 蠩motion en interrogation et en curiosit face au sujet. Puis donner tous les l驩ments ncessaires pour une bonne comprhension des enjeux. (cj strat驩gie des campagnes de Greenpeace).
Dans une campagne bien mene, la comprhension et l'驩motion vont mener une mobilisation.
La nature reprsente le lien ੠ la vie. Elle touche le coeur de l'homme. On ne peut donc mobiliser avec un discours intellectuel, que ne convaincre que les convaincus.
Cela passe aussi par l'motion, notamment fonde sur le fait que ce qui se passe est inacceptable.

A l'inverse, l'驩motion seule est insuffisante
... voire contre-productive, car elle fait perdre en efficacit ; car elle empche de construire une stat骩gie.

Quand le combat n'est qu'motionnel, l'interlocuteur devient un salaud avec lequel on ne peut pas dialoguer. --> il faut aussi mobiliser sur le fond.

--> lorsqu'on fait rfl驩chir les gens sur le fond du problme, toute mesure, mme contraignante, est mieux accept誩e.



4. RETROUVER UNE AUTRE DYNAMIQUE DE L'ACTION


a) la racine de l'engagement : prendre la dcision d'agir

C'est du comportement d'acceptation que dcoule le comportement d'intervention.

--> les gens ont tendance 驠 adhrer ce qui leur para頮t tre leurs dcisions, et donc ꩠ se comporter en conformit avec elles.

On pense souvent que les gens changent de comportement parce qu'ils ont t驩 convaincus des qualits d'un produit (ou d'une ide). En r驩alit, ils le font parce qu'ils ont t驩 amens prendre une telle d頩cision et y ont totalement adhr, ce qui entra驮ne le changement de comportement.

--> le lien entre motivation et comportement n'est pas direct. Cela passe par une phase intermdiaire : l'acte de dcision. Une fois prise la d驩cision de se comporter de telle manire, cela va geler les choix d'options possibles et conduire le dcideur 詠 rester sur sa dcision.

--> les dcisions qu'on prend nous engagent.


Comment obtenir un tel engagement en mati驨re cologique ?

Pas par l'autorit ni par la persuasion, car cela ne change pas profond驩ment les habitudes.
Des critres positifs agissent sur ce levier : irrvocabilit詩 de l'acte, engagement public, ralis dans un contexte de libert驩, sa rpt驩tion, ses consquences, son cot, son imputation 黠 des raisons internes (valeurs), etc.


b) connaitre ses impacts est insuffisant

Bien sr, avant de se dcider d'agir, il faut avoir conscience des cons멩quences de nos actes. C'est dj difficile dans une soci頩t individualiste, o on a l'impression qu'on est responsable que de soi-m鹪me, et pas des effets de nos actes sur l'extrieur.
Mais la prise de conscience et l'acceptation ne suffisent pas.


c) dlimiter sa part de responsabilit驩, pour dpasser le sentiment d'impuissance

Sentiment normal d'impuissance face l'immensit頩 du problme.
Augment par le manque de r詩ponse politique et le peu d'engagement des entreprises et des mdias. --> se rapproprier sa part de responsabilit驩, en dlimiter les contours pour la ramener une taille humaine, donc ma頮trisable, est indispensable pour agir.
La responsabilit = avoir r頩pondre de ses actes. Elle est donc proportionnelle notre pouvoir d'action.

Attention toutefois ne pas confondre responsabilitࠩ et culpabilit (= sentiment diffus de ne pas tre juste et d'avoir un comportement non acceptable), ce qui pourrait amener 骠 faire l'autruche pour fuir ce sentiment dsagrable, ou 驠 dplacer la cause l'ext頩rieur.

d) Accepter la crise pour intgrer ses limites

Dlimiter sa capacit驩 d'action exige de commencer par accepter notre impuissance d'humain face un problme d'envergure mondiale. C'est donc int਩grer ses propres limites. L'nergie peut alors tre recentr骩e sur ce qui est faisable et accessible.
On se sent moins ractif tout nouveau stimulus, et donc plus apte 頠 agir vraiment. L'action trop motionnelle et donc fluctuante est remplace par une action plus pragmatique et donc plus p驩renne.

--> la colre laisse la place une 蠩nergie base sur le dsir d'action et la cr驩ativit naturelles de l'homme.

Comment ? Ralentir, voire s'arrter

... pour regarder le parcours et reconna骮tre qu'on s'est tromp.

... pour arrter de foncer t骪te baisse, attach au pass驩, comme si on posait des rustines sur une vieille roue de vlo.

nous sommes tellement immergs par l'action que nous ne prenons que peu de recul.

On peut m驪me se demander si ce culte de l'action n'est pas une des causes principales de la crise.

--> ne serait-il pas ncessaire de prendre une pause de rflexion ?

e) prendre en compte la r驩alit des gens

Mme si l'骩cologie est au centre de nos proccupations morales, en pratique, elle est encore la dernire 騠 tre prise en compte, loin derrire les prꨩoccupations quotidiennes et impratifs personnels.

--> ceux-ci doivent donc tre pris en compte, et les changements positifs que l'骩cologie y apporte doivent tre fortement valoriss.


Le besoin d'ꩪtre rassur


Se demander qu'est ce que les gens ont 髠 perdre de ce changement? --> cela permet d'en tenir compte, d'adapter le discours et de les rassurer.


Un n۩cessaire temps d'adaptation

Changer est un cheminement individuel et collectif, une dmarche qui demande du temps.
L'acceptation du changement demande une maturation, puisque cela remet en cause notre systme personnel. Cela implique une r騩valuation de notre faon de penser.

--> il faut du temps pour modifier un syst駨me qui a mis du temps s'laborer (et ceci est valable au niveau individuel comme collectif).


f) Le d੩sir comme moteur de l'action

Il faut qu'on ait plus de plaisir en changeant qu'en ne changeant pas
La meilleure motivation, ce n'est pas tant la peur de mourir que la joie de vivre. La raison ne suffit pas.


Retrouver le dsir d'un avenir commun de qualit

Le d驩sir permet l'homme de crer sa vie et le monde dans lequel il vit, et donc de passer ੠ l'action (origine psychologique et culturelle).
A ne pas confondre avec les besoins, qui sont de l'ordre du physiologique.

Par dfinition, le dsir est illimit驩 et permet de dplacer des montagnes. --> en tenir compte pour construire un dsir collectif d'un avenir commun de qualit驩. Cela permet de se projeter dans l'avenir et de sortir du no future ˻ menant aux ractions du type apr髨s moi, le dluge .

cela implique de retravailler 黠 un projet commun, qui a souvent disparu de nos socits et am驨ne les individus ne plus voir le sens de leur vie.


g) Agir pour donner du sens

La motivation est d'abord individuelle

Mme quand on dit qu'on agit pour l'ext઩rieur, en ralit on agit pour soi ; parce que cela a du sens pour soi.

驫 sois le changement que tu veux dans le monde .

Si on n'est pas clair sur le fait que la motivation, c'est soi-m۪me et non quelque chose d'autre, le risque d'incohrence, et donc d'chec, s'accro驮t.


Le sens comme thique de l'actio

cd r頩pondre la question : ૠ quoi ca sert ? Et qu'est ce que cela sert?


h) Accepter le mouvement

Si nous ne savons pas nous adapter aux mouvements de la vie ni les devancer, nous les prenons de plein fouet.
Or, rien n'est fixe, tout est mouvant dans la vie. Et cela est ins۩curisant. Pour viter ces peurs, on essaie de contrler pour que les choses soient moins mouvantes. Cela installe une fixit鴩 qui empche le mouvement naturel des choses.
Accepter le changement exige de perdre le contrle. Pour cela, il ne faut plus avoir peur de la vie, installer sa s괩curit l'int頩rieur de soi, et non l'extrieur.

--> la crise ੩cologique nous oblige revisiter notre systme int਩rieur et notre relation au monde.


i) la sagesse, un enjeu individuel, mais aussi collectif

L'enjeu est collectif et non individuel, car la survie de l'humanit est en jeu.
La question de la qualit de conscience est donc en fait un enjeu politique.
Nous devons devenir collectivement des 驫 sapiens sapiens : la d۩mocratie doit servir au niveau collectif l'quivalent au travail sur soi d'une personne en qute de sagesse. Elle doit 骪tre un vecteur permettant aux collectivits de s'interroger sur la qualit du mieux-驪tre de tous.
cecicela

"il n'y a qu'un seul cosystme, il est donc d'int騩rt gnꩩral de le prserver, nous sommes donc, pralablement, 驩cologistes" c'est ainsi que je suis au parti de gauche et donc, au front de gauche... Smile

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